Le 23 octobre 2007
Monsieur le Secrétaire Général des Nations Unies,
La participation au prochain Forum sur la Gouvernance de l’Internet (FGI) des représentants des pays en développement suscite de graves inquiétudes. La situation géographique de Rio crée en effet un grave problème de financement (en particulier pour les Africains et les Asiatiques).
A moins d’un mois du FGI, aucune mesure n’a en effet été prise pour leur venir en aide alors que les coûts de transport et d’hébergement augmentent sensiblement pour les participants tardifs et que les délais d’obtention des visas deviennent critiques. On s’oriente donc, en l’absence d’intervention urgente, à une quasi-exclusion des membres de la société civile originaires de ces pays.
Cette éventualité n’est pas acceptable tant elle contredit l’objectif clair post SMSI de faire du développement économique et social l’axe transversal des discussions sur la gouvernance d’Internet. Traiter ces problèmes en l’absence des intéressés irait complètement à l’encontre du souhait exprimé pour la suite du processus du SMSI d’organiser une interaction directe entre les partenaires afin de mesurer l’ampleur des problèmes à résoudre et l’efficacité des mesures à prendre pour y parvenir. Les barrières linguistiques et les insuffisances des infrastructures d’accès à internet excluent leur participation à distance au FGI.
La société civile africaine, très vigilante et regroupée à l'échelle continentale au sein d'ACSIS, avait déjà exprimée en 2006 ses vives inquiétudes dans une lettre ouverte adressée au secrétaire du FGI et plus récemment dans une lettre adressée aux deux co-présidents du groupe consultatif (copies en annexe). La présente lettre qui vous est adressée constitue à la fois un recours ultime, et un élargissement au niveau mondial de l'expression de ses préoccupations.
Cette situation est d’autant plus surprenante que des dons importants ont été effectués pour faciliter la participation de la société civile des pays émergents. Il n’est pas sans intérêt de noter que les montants de ces dons n’ont pas été publiés par le secrétariat du FGI, contrairement à la période de préparation du SMSI. Dans ces conditions, une action urgente est nécessaire et réalisable afin de permettre à la société civile des pays émergents d’être présente et active au FGI de Rio.
Nous vous remercions vivement d'avoir donné pour instructions (PI/1791 20/08/2007) de renforcer la transparence dans le processus préparatoire de cette deuxième édition du Forum de la Gouvernance de l'Internet, en assurant un flux continu d'informations entre les membres du groupe consultatif et les divers groupes concernés. Pourtant, force est de constater que vos instructions n'ont pas toutes été mises en oeuvre, avec des progrès très relatifs dans la transparence du processus de préparation du Forum, l'application de son mandat et son organisation, prévus avec détail dans les articles 72 à 78 de l'agenda du Sommet de Tunis, qui fut le plus grand sommet jamais organisé par les Nations Unies.
Une intervention s’impose donc, Monsieur le Secrétaire Général, pour redresser la situation, et assurer un succès inclusif du Forum de Rio.
Louis Pouzin
Louis POUZIN, Président, Groupe de Travail de la Société Civile SMSI sur la Gouvernance des Réseaux d’Information, <www.wsis-gov.org>
Mme Delphine NANA MEKOUNTE, Présidente, Société Civile Africaine pour la Société de l’Information (ACSIS), <www.acsis-africa.org>
Mme Chantal LEBRUMENT, Présidente, Conférence Internet des Langues Européennes (EUROLINC), <www.eurolinc.eu>
Jean-Louis FULLSACK, Président, Coopération-Solidarité-Développement (CSDPTT), <www.csdptt.org>
Khemakhem JAMEL, Association Tunisienne des Droits de l'Enfant
Jean-François MORFIN, Président, INTLNET, <intlnet.org>
Dr. Francis MUGUET, chair, WSIS Civil Society Working Group on Scientific Information, <wsis-si.org>
Annexes :
lettre ACSIS à secrétariat FGI
lettre secrétariat FGI à ACSIS
lettre ACSIS à co-présidents du groupe consultatif
___________________
Lettre ouverte à Monsieur le Secrétaire Général des Nations Unies